Alors que j’ai ce livre dans ma bibliothèque depuis la Foire du Livre de Bruxelles 2019, je me suis enfin décidée à le lire en janvier.
Je ne l’ai pas mis dans mon article précédent : mes lectures de janvier car je voulais lui consacrer un article dédié. En effet, j’ai eu beaucoup d’émotions en lisant ce roman et j’ai envie de vous partager mon ressenti sur cette histoire.
L’autrice :
Pascaline Nolot est une jeune autrice Lilloise qui a publié plusieurs romans aux éditions du chat noir, essentiellement dans la collection jeunesse de la maison d’édition (Les orphelins du sommeil et les larmes de l’araignée que j’ai lu et beaucoup aimé) et elle a publié Eliott et la bibliothèque fabuleuse aux éditions Rageot.
Le livre :
Présentation de l’éditeur :
Emma, 18 ans, est une fille d’encre et de lettres. Barricadée chez elle, elle partage la totalité de son temps entre ses romans et son blog « Mots écorchés » sur lequel elle exprime son mal-être à travers citations et poèmes.
Sid, 17 ans, est son exact opposé. Les mots, les livres, il n’aime pas. Être enfermé dans un quelconque foyer ou rangé dans une case bien déterminée, il déteste. Lui, préfère l’action à la contemplation, la débrouille à la dépression.Les deux adolescents n’ont rien en commun, si ce n’est le lien du sang et l’accident qui a changé à jamais leur double destinée. Car Emma et Sid sont frère et sœur et ne se sont pas revus depuis plusieurs années.
Un jour, l’existence croise à nouveau leurs chemins pour leur offrir une seconde chance.
Mon résumé de l’histoire :
Emma est une jeune femme de 18 ans, mal dans sa peau suite à un accident domestique qui a brûlé son visage lorsqu’elle avait 12 ans. Mais lors de cet incident, elle n’a pas uniquement été défigurée. Elle a été amputée d’une partie de sa famille. En effet, après des mois d’hospitalisation, ses parents se sont séparés et son frère cadet fait tout pour l’éviter.
Se sentant monstrueuse, elle ne veut plus sortir de chez elle. Elle se perd dans la littérature et s’exprime sur son blog à l’aide de citations.
« Je zyeute ma montre, me cramponne à la couverture écarlate de mon livre comme à un canot de sauvetage. »
Quant à son petit frère, il est sur la mauvaise pente. Il sèche les cours, sort, brûle la chandelle par les deux bouts.
« Je referme doucement la porte. J’espère que les vieux de la Belle au bois dormant vont pas se pointer plus tôt que prévu, sinon ils vont faire une attaque devant l’état de la baraque… Les vieux… Oh, merde ! Je pense à mon paternel : il va être furax. Il a l’habitude que je découche et que je sois toujours en vadrouille, mais là, c’est différent. on était censés se retrouver… Merde, merde, merde ! Quelle heure peut-il bien être ? Il va me tuer ! »
Suite aux obsèques de son sauveur, alors qu’elle refusait de sortir de la voiture, elle se décide, enfin, à mettre le nez dehors et tombe nez à nez avec son frère.
« Grenouille.
J’étouffe un ricanement méprisant. Grenouille, c’est le sobriquet dont il m’avait affublée quand nous étions enfants.(C’était de bonne guerre car, moi, je l’avais surnommé Crapaud). Grenouille. il m’a adressé un seul mot, et c’était celui-là. Il m’a parlé comme si nous étions encore des gamins. Comme si c’était hier, comme s’il ne s’était rien passé. Quel culot ! Quel salaud ! »
« Une portière, un mot, une échappée… C’est mon premier contact avec lui depuis six longues années. »
A partir de cette rencontre fortuite, la Grenouille et le Crapaud essayeront de renouer le contact mais entre la colère de l’un et le sentiment de culpabilité de l’autre, les choses sont très compliquées et les liens sont difficiles à renouer…
« Je me suis pris ma sœur en pleine face. C’était bien plus fort que le monde qui chavirait et les points lumineux qui dansaient devant les yeux l’instant d’avant. C’était une bombe dans mes tripes, un cocktail Molotov dans mes neurones. Mon cœur manque un battement. C’est pas une image à la con. Je l’ai senti. Physiquement. Mon cœur a sauté une pulsation. J’ai cru qu’il allait plus repartir ».
Mon ressenti
J’ai commencé ce livre le mercredi soir et l’ai terminé le jeudi après-midi. Dés les premières pages j’ai été happée par les personnages et leurs blessures ainsi que par l’écriture de Pascaline. j’ai eu beaucoup de mal à le lâcher.
L’auteure nous raconte une histoire riche en émotions et en thématiques. En effet, Pascaline Nolot aborde des thèmes aussi variés que : le sentiment d’abandon, le manque de confiance en soi, l’illettrisme, les relations entre frère et sœur, les conséquences d’un accident domestique sur les relations familiales et l’amitié. Tous ceux-ci sont abordés de façon sincère et réaliste. Il est aisé de s’identifier aux personnages d’Emma ou de Sid.
Leur psychologie est bien développée, ils sont attachants. On vit, avec eux, leurs peurs et leurs angoisses d’adolescents. L’écriture nous emporte avec des mots justes qui touchent en plein cœur. J’ai refermé le livre avec les larmes aux yeux, remplie d’espoir pour Emma et Sid, en espérant qu’ils arrivent à reconstruire leur relation et que tout ce qu’ils ont traversé soit enfin derrière eux.
Mon cœur s’est serré à maintes reprises et j’aime ça dans mes moments lecture.
La plume de l’autrice est le point d’orgue de ce roman. Elle a une écriture maîtrisée, le vocabulaire est riche et les mots sont justes. On prend plaisir à lire ce livre grâce à une prose très fluide. Par ailleurs, le récit est séparé en deux points de vue. Nous avons à tour de rôle le point de Sid et d’Emma.
J’ai aimé le fait, que l’autrice ait deux styles totalement différents. En effet, Sid est plus familier dans son langage, alors qu’Emma qui est plus littéraire, a un langage plus soutenu. J’ai aimé cette confrontation. Cela lui donne un rythme supplémentaire, un côté réaliste plus prononcé et une immersion facilitée.
Ce livre est une petite merveille, c’est un véritable coup de poing et coup de cœur.
« En fait, la frangine, elle est jolie pour ceux qui observent autrement qu’avec les yeux, et formidable pour ceux qui voient au-delà des préjugés. Malheureusement, ça représente une part infime de la population mondiale. »
Conclusion
Ce livre m’a retourné et bouleversé par son écriture sublime et ses personnages écorchés… C’est une belle réussite que je ne peux que vous conseiller de lire.
Merci à Pascaline et aux éditions du chat noir de publier des livres d’une telle qualité !